Qumrân,
Morte les manuscrits de la mer
Une voix proclame: "Dans le «désert dégagez le chemin pour le Seigneur;
nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. " » (Isaïe40, 3)
Entre 150 avant J.-C. et 68 de notre ère, la communauté monastique des
Esséniens trouva à Qumrân un lieu idéalement isolé pour la prière et la
contemplation. Exilés des tentations de la ville, rejetant le matérialisme et
voués à l'ascétisme, au célibat et à la pureté, ils attendaient la
venue du Seigneur selon leur
interprétation de la parole du prophète Isaïe. Les évangélistes Mathieu (3, 3)
et Jean (1, 23) citant ce texte de la « voix de celui qui crie dans le désert
», l'ont appliqué à Jean- Baptiste annonçant la venue prochaine du Messie.
D'ailleurs, certains spécialistes soutiennent que Jean-Baptiste fut influencé
par les Esséniens, ou gardait contact avec eux, voire même qu'il était membre
de la secte.
En descendant vers le
nord-ouest, le long de la splendide route côtière de la mer Morte, on
atteint rapidement Qumrân qui
était appelée dans la Bible « Ville du sel » (Ir ha-Melah ) et faisait partie
des six villages du « district du désert. » (Josué 15, 61-62) Haut perché sur
un plateau calcaire surplombant la mer Morte, à 48 km à l'est de Jérusalem et à
plusieurs
kilomètres au sud de Jéricho,
Qumrân est située au lieu le plus bas de la surface terrestre. Cinquante mètres
au-dessus du niveau actuel de la mer Morte, le site est dominé par une haute
paroi de calcaire rougeâtre, percée de plusieurs grottes naturelles dans les
collines
du désert de Judée.
Depuis leur découverte
inattendue, les anciens manuscrits hébraïques de Qumrân ne cessent de soulever
l'enthousiasme populaire et de susciter l'intérêt des chercheurs. Qui aurait
imaginé que cette région aride du désert de Judée recelait un tel trésor? Le
destin voulut qu'un jeune berger bédouin, au printemps 1947, parti à la
recherche de l'une de ses
chèvres égarée du troupeau,
lança une pierre dans une grotte et entendit un bruit de poterie se fracassant.
Dans cette première grotte, il découvrit des manuscrits hébraïques enroulés
dans du tissu et placés dans des urnes restées intactes depuis des siècles.
Pressentant une bonne affaire, il en emporte quelques-uns à Bethléem pour les
vendre. La divulgation de la découverte entraîne des fouilles entre 1947 et
1956 qui mirent au jour l'existence d'un site d'habitation et de onze autres
grottes contenant des rouleaux de manuscrits. Les fouilles ont révélé un
complexe de constructions en pierre de 80 sur 100 mètres, bien conservé jusqu'à
une hauteur considérable. Ces édifices abritaient une communauté. Un cimetière
d'environ 1000 tombes a aussi été découvert à proximité. Suite à ces fouilles,
le père Roland de Vaux, dominicain qui dirigeait alors l'École biblique et d'archéologie
française de Jérusalem, suggéra que ce site était un lieu de retraite dans le
désert de la secte des Esséniens mentionnée par les historiens de l'Antiquité,
Flavius Josèphe, Philon d'Alexandrie et Pline l'Ancien. Leurs récits sont
corroborés à la fois par les vestiges mis au jour lors des fouilles et par les
sources écrites.
Les manuscrits des livres de la
Bible sont vraisemblablement les plus anciennes copies des textes bibliques qui
nous soient parvenues et montrent que ces textes n'ont subi aucun changement
essentiel depuis deux mille ans. La plupart des livres de la Bible sont
présents, certains en plusieurs exemplaires; d'autres ne sont que
fragmentaires, sur de petites bandelettes de cuir. De façon générale, les rouleaux
de la Bible mis à jour à Qumrân ont permis une lecture nouvelle, qui facilite
une reconstruction historique de l'Ancien Testament. Ils nous apportent la
preuve que les livres de l'Ancien Testament que Jésus a étudiés et lus à la
synagogue (Lc 4, 16-22) sont bien authentiques et que le texte était semblable
à celui
que nous pouvons lire
aujourd'hui dans nos bibles modernes. Un véritable trésor caché là depuis deux
mille ans. Les manuscrits sont aujourd'hui exposés au public, au sanctuaire du
Livre, au musée d'Israël, à Jérusalem. Les sept rouleaux de la Grotte 1 exposés
dans
le sanctuaire du Livre sont
respectivement: Isaïe I, Isaïe II, le commentaire de Habacuc, les actions de
Grâce, la Règle de la communauté, le règlement de la Guerre des Fils de la Lumière
contre les Fils des Ténèbres et le livre apocryphe de la Genèse.
James H. Charlesworthj.
spécialiste du Nouveau Testament et directeur du Dead Sea Sm1Ils project à
l'Université de Princeton aux États-Unis tire la conclusion que : « A la
lumière de la recherche archéologique, de la découverte des rouleaux de Qumrân
( ...) il ne fait aucun doute que Jésus était un prophète apocalyptique et
eschatologique. » .
1 James H. Charlesworlh et al..
Jésus et les nouvelles découvertes de l'archéologie. Bayard. Paris. 2007. 143
p. ; pp. 64 et 134.
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