Saint François de Jésuite
(1510-1572)
Saint François de Borgia était
Espagnol et fils de prince. À peine put-il articuler quelques mots, que sa
pieuse mère lui apprit à prononcer les noms sacrés de Jésus et de Marie. Âgé de
cinq ans, il retenait avec une merveilleuse mémoire les sermons, le ton, les
gestes des prédicateurs, et les répétait dans sa famille avec une onction
touchante. Bien que sa jeunesse se passât dans le monde, à la cour de
Charles-Quint, et dans le métier des armes, sa vie fut très pure et toute
chrétienne ; il tenait même peu aux honneurs auxquels l’avaient appelé son
grand nom et ses mérites.
A vingt-huit ans, la vue du cadavre défiguré de
l’impératrice Isabelle le frappa tellement, qu’il se dit à lui-même :
"François, voilà ce que tu seras bientôt... A quoi te serviront les
grandeurs de la terre ?..." Toutefois, cédant aux instances de l’empereur,
qui le fit son premier conseiller, il ne quitta le monde qu’à la mort de son
épouse, Éléonore de Castro. Il avait trente-six ans ; encore dut-il passer
quatre ans dans le siècle, afin de pourvoir aux besoins de ses huit enfants.
François de Borgia fut digne
de son maître saint Ignace ; tout son éloge est dans ce mot. L’humilité fut la
vertu dominante de ce prince revêtu de la livrée des pauvres du Christ. A
plusieurs reprises, le Pape voulut le nommer cardinal ; une première fois il se
déroba par la fuite ; une autre fois, saint Ignace conjura le danger.
Étant un jour en voyage avec
un vieux religieux, il dut coucher sur la paille avec son compagnon, dans une
misérable hôtellerie. Toute la nuit, le vieillard ne fit que tousser et cracher
; ce ne fut que le lendemain matin qu’il s’aperçut de ce qui lui était arrivé ;
il avait couvert de ses crachats le visage et les habits du Saint. Comme il en
témoignait un grand chagrin : "Que cela ne vous fasse point de peine, lui
dit François, car il n’y avait pas un endroit dans la chambre où il fallût
cracher plutôt que sur moi." Ce trait peint assez un homme aux vertus
héroïques.
Plus l’humble religieux s’abaissait,
plus les honneurs le cherchaient. Celui qui signait toutes ses lettres de ces
mots : François, pécheur ; celui qui ne lisait qu’à genoux les lettres de ses
supérieurs, devint le troisième général de la Compagnie de Jésus.
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