Bouquet spirituel: «Celui
qui ne pèche pas par la langue est un homme parfait.» Jac. 3, 2
SAINT ÉLOI
Évêque de Noyon
(590-659)
Saint Éloi naquit à
Chaptelat, à deux lieux de Limoges. Dès son enfance, il se montra si habile aux
travaux manuels, que son père le plaça comme apprenti chez le maître de la
Monnaie de Limoges. Ses premières oeuvres révélèrent son talent précoce, et, au
bout de quelques années, Éloi n'avait pas de rival dans l'art de travailler les
métaux. Ses sentiments religieux et ses vertus le rendirent plus recommandable
encore que ses talents; on ne se lassait pas d'admirer sa franchise, sa
prudence, sa douceur, sa charité.
Le roi Clotaire II, ayant
entendu parler de lui, le fit venir à la cour, lui commanda un trône d'or orné
de pierreries, et à cet effet lui donna une quantité d'or. Le travail fini,
Éloi se présenta devant le roi et lui montra le trône. Clotaire s'extasiait
devant ce chef-d'oeuvre; mais quelle ne fut pas sa stupéfaction, quand Éloi fit
apporter un autre trône aussi beau que le premier, fait aussi avec l'or qu'il
avait reçu! Sur-le-champ, Éloi fut nommé grand argentier du royaume, et le roi
le garda près de lui.
Jusque là, notre Saint
avait aimé le luxe; touché d'une grâce de choix, il se détacha des vanités du
monde et vécut au milieu des richesses comme un pauvre de Jésus-Christ. Son
plaisir était de faire de belles châsses pour les reliques des Saints. Mais
surtout il aimait les pauvres. On ne saurait se figurer tous les trésors qui
passèrent par ses mains dans le sein des indigents. Aussi, quand des étrangers
demandaient à le voir, on leur répondait: "Allez en telle rue, et
arrêtez-vous à la maison où vous verrez une foule de mendiants: c'est là sa
demeure!" Éloi lavait les pieds des pauvres, les servait de ses propres
mains, ne prenait que la dernière place et ne mangeait que leurs restes. Quelle
leçon pour les hommes de notre temps, qui parlent tant de l'émancipation des
classes ouvrières et vivent dans les jouissances égoïstes! Quand Éloi n'avait
plus d'argent, il donnait ses meubles et jusqu'à sa ceinture, son manteau, ses
souliers.
L'amitié d'Éloi avec le
roi Dagobert, successeur de Clotaire II, est devenue légendaire. Un jour Éloi
vint lui dire: "Mon prince, je viens vous demander une grâce; donnez-moi
la terre de Solignac, afin que je fasse une échelle par laquelle, vous et moi,
nous méritions de monter au Ciel." Le roi y consentit volontiers; le Saint
y bâtit un monastère. Jamais il ne se fit moine; mais il aimait à visiter les
moines et à vivre, de temps en temps, quelques jours avec eux, pour s'édifier
de leur régularité.
Éloi se vit obligé
d'accepter l'évêché de Noyon. Sa vie épiscopale fut la continuation de ses
bonnes oeuvres.
Abbé L. Jaud, Vie des
Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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