BARBAN née FABRIS
Eurosina (Rose) Fabris naît en 1866 à Quinto Vicentino, près
de Vicence, dans la Vénétie (Italie). Ses parents sont fermiers. En 1870, ils
déménagent à Marola, alors que la petite a quatre ans et c’est là que se
déroulera toute sa vie. Elle ne va à l’école que pendant deux ans, de quoi
apprendre à lire et à écrire, car ensuite, il faut aider sa mère qui fait des
travaux de couture. Rosina –c’est son diminutif– apprend ce métier où elle
devient habile. Très pieuse, elle fait partie des “Filles de Marie” et fait le
catéchisme aux enfants. Elle enseigne chez elle la couture et la confection à
des jeunes filles et elle en profite pour leur enseigner aussi la vie
chrétienne afin qu’elles puissent fonder un jour de bonnes familles. Elle-même
reçoit plusieurs demandes en mariage, qu’elle écarte résolument.
Mais un jour, un homme du village perd sa femme et il se
retrouve avec deux poupons à charge (4 et 20 mois), un troisième n’ayant vécu
que peu de temps. Émue de compassion, Rosa va aider au ménage, gratuitement,
pendant six mois. Puis, après mûre réflexion, sur les conseils de ses parents
et de son confesseur, elle accepte d’épouser le veuf, Carlo Barban, en 1886.
Elle témoigne : « C’est le Seigneur lui-même qui m’a placée sur ce chemin, et
je me suis laissée conduire par Lui. Je me suis mariée par sacrifice! J'ai
épousé Carlo car j’avais pitié des deux petits et je me sentais capable
d’élever ces orphelins. Je serais une mère pour eux, et ils seraient bien
élevés car j’ai fait vœu de les instruire à ma façon dans le Seigneur». ‘Mamma
Rosa’ comme on l’appellera désormais, aura elle-même neuf enfants, dont
plusieurs mourront en bas âge. Dès lors, avec cette famille nombreuse, c’est
pour elle une vie très active de mère au foyer, de fermière, où elle fait
preuve d’une étonnante puissance de travail. Sa prière aussi est intense. En
outre, il lui faut supporter un mari exigeant ou plutôt un trio malcommode, car
avec le mari, vit un grand-père sourd et un frère de son mari, jeune homme
batailleur. Si Rosa a accepté le mariage, c’est aussi afin de mettre la paix
dans cette maison. Elle continue à enseigner la couture, s’occupe de la ferme.
Les produits de son jardin et de son poulailler, pourtant bien nécessaires à la
nombreuse maisonnée, passent aussi souvent dans la bouche des malheureux.
Parfois elle se prive de manger pour eux. Elle-même est pauvre, car si les
terres du domaine sont bonnes, il y a beaucoup d’anciennes dettes à éponger.
Face aux épreuves qui ne manquent pas, elle reste confiante et répète: « Ayons
toujours du courage. Faisons la volonté de Dieu et vous verrez qu’il nous
aidera. Le Seigneur nous aime tant et il est mort pour nous. Pourquoi douter de
sa Providence ? » Cette confiance éclate dans l’accueil de nombreux enfants,
les siens, auxquels s’en ajoutent d’autres. Ainsi, pendant la guerre de
1914-18, elle recueille trois enfants dont le père est mort au front. Elle va
jusqu’à servir de nourrice pour des petits enfants pauvres que la mère ne peut
pas nourrir. Beaucoup d’autres enfants fréquentent la maison. Elle témoigne : «
Je crois que si j'étais riche je ne serais pas aussi heureuse que je le suis
maintenant. Jésus aussi était pauvre, et il possédait le monde. Jésus et Marie
étaient pauvres ». Mais, que cette pauvreté est riche en grâces ! Trois de ses
fils deviendront prêtres, un quatrième mourra séminariste et un de ses fils
adopté deviendra prêtre aussi. Une des filles de son mari choisira la vie
religieuse. Les autres enfants se marieront et fonderont des familles
chrétiennes, avec de nombreux enfants. C’est avec générosité que Mamma Rosa
accompagne la vocation de ses enfants quand le Seigneur les appelle. « Ils ne
sont pas seulement à nous, dit-elle, mais d’abord à Dieu. C’est un grand
honneur qu’il nous demande l’un de nos enfants pour son service. » Elle
conseille la même générosité aux femmes pour l’accueil de la vie et leur dit :
« Pour notre part, nous devons toujours accomplir notre devoir selon la sainte
Loi de Dieu ; ce n’est qu’alors que nous serons contentes. C’est le Seigneur
qui nous honore de collaborer avec lui ; il faut également le remercier pour
cela. Du reste, ayez une grande confiance dans le Seigneur. C’est lui qui nous
envoie les enfants. Vous verrez que, s’il vous donne un enfant, il vous donnera
également le pain pour le nourrir ».
A la mort de son mari, en 1930, Mamma Rosa adhère au
Tiers-ordre franciscain. Elle-même meurt en 1932. L’un de ses fils prêtres sera
son premier biographe. Pie XII disait : « Il faut faire connaître cette belle
âme, c’est un exemple pour les familles d’aujourd’hui ! » Parole prophétique
puisqu’elle est maintenant béatifiée. L’enthousiasme était grand lors de la
cérémonie célébrée à Vicence et beaucoup souhaitent qu’elle soit déclarée
patronne de la famille.
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