Décès de Claude Léveillée - On ne meurt pas... on s'absente!
Raymond Gravel - Prêtre 15 juin 2011 Actualités culturelles Le Devoir
Photo : Normand Blouin - archives Le Devoir
Claude Léveillé en août 2004.
Depuis presque un an, j'ai eu le bonheur d'entrer dans l'intimité de Claude Léveillée. C'est évident que je le connaissais depuis toujours: le compositeur, le pianiste, l'interprète a habité mon enfance et mon adolescence, mais ayant eu le privilège de m'approcher de l'homme qui a tout perdu, sauf son cœur et son âme, cela m'a permis de rencontrer cet être exceptionnel que j'appelais affectueusement «Monsieur Claude», pour lui signifier à la fois mon respect et ma proximité.
Depuis son décès, j'ai lu dans les journaux et entendu dans les médias tous ces témoignages sur l'artiste, le poète, le musicien, le compositeur qu'a été Claude Léveillée; mais personne n'a osé parler de l'homme qu'il était: un humaniste, un contemplatif, un être généreux, un homme de coeur, de réflexion, à la recherche de la vérité, de l'Absolu.
À l'été 2010, ses proches m'ont appelé pour me demander si je pouvais aller le visiter, parce que Monsieur Claude voulait rencontrer un prêtre, afin de renouer avec l'Église qui l'a profondément blessé dans les événements de sa vie. Je me suis donc rendu à son chevet pour parler avec lui et entrer dans son univers spirituel; j'y ai reconnu un homme de foi, fortement attaché à sa tradition et à sa culture religieuse, mais qui s'était distancié de l'institution à cause de la rigidité qui l'a toujours caractérisée.
Une belle âme!
Quelle belle âme, ce Monsieur Claude! Après sept longues années où la maladie l'a dépouillé de tout, il était toujours capable de sourire à la vie et de partager avec ceux et celles qui l'entouraient. Personnellement, j'avais un peu peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes, jusqu'au moment où il m'a dit: «Je ne me suis jamais senti aussi proche de Dieu qu'en votre présence.» Quel beau cadeau il m'a fait!
Monsieur Claude avait une sensibilité qui se reflétait dans ses compositions et dans sa musique, de sorte que Stéphane Laporte, dans La Presse de samedi dernier, disait que Claude Léveillée lui a appris à être triste, mais pas une tristesse négative, une sorte de nostalgie, de bonheur triste, que seuls les êtres sensibles peuvent exprimer.
Même malade, Monsieur Claude avait des projets. Nous avons organisé une célébration à son domicile, sur sa montagne, au temps de Noël, avec la participation de ses amis et des Petits Chanteurs de Laval, autour d'un repas, avec échange de cadeaux. Il y a deux semaines, il a manifesté le désir de célébrer un anniversaire en septembre prochain, pour souligner son arrivée dans son patelin. Lors de cette rencontre, je l'ai trouvé changé, diminué encore plus par la maladie. Comme je lui avais apporté de l'eau de Lourdes, de France, je lui ai demandé: «Monsieur Claude, croyez-vous à ce symbole de l'eau bénite?» Il m'a répondu: «Si c'est important pour vous, ça l'est pour moi aussi.»
En le bénissant avec cette eau, j'ai demandé à Dieu de venir le chercher en douceur, car pour moi, Monsieur Claude avait assez souffert. Une semaine plus tard, à sa demande, je lui donnais le sacrement des malades, et il s'est éteint quelques heures plus tard, entouré de France, Dorota et Marie-Josée qui l'ont accompagné et soutenu tout au long de sa maladie.
Bon voyage!
Toute sa vie, Monsieur Claude a cherché l'Amour, mais un Amour plus grand que nature, trop grand pour être porté par de simples humains, d'où ses grandes déceptions de la vie. Par ailleurs, je suis persuadé aujourd'hui que dans la maladie et la souffrance, Monsieur Claude a ressenti cet Amour à l'intérieur de lui-même. Il en a touché la source et il est allé à sa rencontre dans la lumière, la paix et la sérénité.
Monsieur Claude, il est vrai qu'on ne meurt pas... on ne fait que s'absenter. Mais votre absence sera de courte durée, car votre immense héritage vous rendra présent dans le coeur de celles et ceux qui se laisseront toucher par la nostalgie et le bonheur triste que votre musique sait si bien dégager. Bon voyage, Monsieur Claude!
Avec toute mon affection!
Depuis son décès, j'ai lu dans les journaux et entendu dans les médias tous ces témoignages sur l'artiste, le poète, le musicien, le compositeur qu'a été Claude Léveillée; mais personne n'a osé parler de l'homme qu'il était: un humaniste, un contemplatif, un être généreux, un homme de coeur, de réflexion, à la recherche de la vérité, de l'Absolu.
À l'été 2010, ses proches m'ont appelé pour me demander si je pouvais aller le visiter, parce que Monsieur Claude voulait rencontrer un prêtre, afin de renouer avec l'Église qui l'a profondément blessé dans les événements de sa vie. Je me suis donc rendu à son chevet pour parler avec lui et entrer dans son univers spirituel; j'y ai reconnu un homme de foi, fortement attaché à sa tradition et à sa culture religieuse, mais qui s'était distancié de l'institution à cause de la rigidité qui l'a toujours caractérisée.
Une belle âme!
Quelle belle âme, ce Monsieur Claude! Après sept longues années où la maladie l'a dépouillé de tout, il était toujours capable de sourire à la vie et de partager avec ceux et celles qui l'entouraient. Personnellement, j'avais un peu peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes, jusqu'au moment où il m'a dit: «Je ne me suis jamais senti aussi proche de Dieu qu'en votre présence.» Quel beau cadeau il m'a fait!
Monsieur Claude avait une sensibilité qui se reflétait dans ses compositions et dans sa musique, de sorte que Stéphane Laporte, dans La Presse de samedi dernier, disait que Claude Léveillée lui a appris à être triste, mais pas une tristesse négative, une sorte de nostalgie, de bonheur triste, que seuls les êtres sensibles peuvent exprimer.
Même malade, Monsieur Claude avait des projets. Nous avons organisé une célébration à son domicile, sur sa montagne, au temps de Noël, avec la participation de ses amis et des Petits Chanteurs de Laval, autour d'un repas, avec échange de cadeaux. Il y a deux semaines, il a manifesté le désir de célébrer un anniversaire en septembre prochain, pour souligner son arrivée dans son patelin. Lors de cette rencontre, je l'ai trouvé changé, diminué encore plus par la maladie. Comme je lui avais apporté de l'eau de Lourdes, de France, je lui ai demandé: «Monsieur Claude, croyez-vous à ce symbole de l'eau bénite?» Il m'a répondu: «Si c'est important pour vous, ça l'est pour moi aussi.»
En le bénissant avec cette eau, j'ai demandé à Dieu de venir le chercher en douceur, car pour moi, Monsieur Claude avait assez souffert. Une semaine plus tard, à sa demande, je lui donnais le sacrement des malades, et il s'est éteint quelques heures plus tard, entouré de France, Dorota et Marie-Josée qui l'ont accompagné et soutenu tout au long de sa maladie.
Bon voyage!
Toute sa vie, Monsieur Claude a cherché l'Amour, mais un Amour plus grand que nature, trop grand pour être porté par de simples humains, d'où ses grandes déceptions de la vie. Par ailleurs, je suis persuadé aujourd'hui que dans la maladie et la souffrance, Monsieur Claude a ressenti cet Amour à l'intérieur de lui-même. Il en a touché la source et il est allé à sa rencontre dans la lumière, la paix et la sérénité.
Monsieur Claude, il est vrai qu'on ne meurt pas... on ne fait que s'absenter. Mais votre absence sera de courte durée, car votre immense héritage vous rendra présent dans le coeur de celles et ceux qui se laisseront toucher par la nostalgie et le bonheur triste que votre musique sait si bien dégager. Bon voyage, Monsieur Claude!
Avec toute mon affection!
Raymond Gravel Prêtre
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