Vendredi saint
: jour de souffrance
Voici le jour
privé de grâce, le jour de l'injustifiable souffrance... Un texte de Nathalie
Nabert, ancien doyen de la faculté de lettres de l'Institut catholique de
Paris.Publié le 14 avril 2014
Voici
le jour où la pauvreté s'abat sur l'humanité dans le visage humilié du serviteur
souffrant : "Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son
propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.
Maltraité, il s'humilie, il n'ouvre pas la bouche ; comme un agneau conduit à
l'abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n'ouvre pas la
bouche". (Isaïe 53, 6-7) Isaïe dessine ici deux fois l'immensité du malheur :"
dans le corps laineux de l'agneau sacrifié et dans le deuil de l'amour, de la
beauté et de la bonté qui défigurent le serviteur. Toute promesse divine est
retournée, broyée dans ce passage vers les ténèbres. Et nous mourons deux fois,
avec le Christ dans la main des tondeurs et avec nos prochains oubliés dans la
nuit de leur malheur".
Au pied de la
croix
Toute
l'humanité souffrante se rassemble là, dans ce déni de l'être et de sa nature
divine que réfléchissent aussi les trois dénégations de Pierre : "Non je n'en
suis pas" (Jean 18, 17) ainsi que nos reniements qui vont et viennent comme des
migrations de printemps et d'hiver au gré de notre inconstance, de nos joies et
de nos épreuves. Alors nous restons inachevés au pied de la croix comme des
enfants mal poussés au cœur de ce Vendredi saint. Et Celui qui vient à nous nous
emporte dans ses membres endoloris, assailli par cette soif inextinguible de
l'abandon et de la peur que rien ne peut
consoler.
Et en se
donnant tout entier, il est le tout du don "se laissant être le froment de
Dieu", "moulu par la dent des bêtes pour être un pur pain", "recevant la pure
lumière" comme l'évoquait Ignace d'Antioche dans sa lettre aux Églises de Rome
sur le chemin de son martyre (Sources Chrétiennes, Paris, 1975, p. 47 et 48). Et
dans les gestes des hommes qui accompagnent les derniers moments du Christ sur
la croix, quelque chose d'imperceptible se dessine sous l'endurcissement des
cœurs et l'exiguïté des intelligences, le désenchantement de l'espoir et
l'absolue nudité de la nuit du meurtre de Dieu par laquelle il faudra passer
pour entrer dans le temps de
l'accomplissement.
Nathalie
Nabert, ancien doyen de faculté de lettres de l'Institut catholique de Paris ;
avril 2007
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