jeudi 5 avril 2012

Jeudi Saint,


Jeudi Saint


«À ta Cène mystique, en ce jour, ô Fils de Dieu, donne-moi de participer...» L’Orient chrétien, en ce si beau tropaire du Saint Jeudi, nous révèle d’emblée le sens de ce que nous célébrons en ce jour : nous voici à la table de Jésus, nous voici participants de son repas, de sa Cène mystique. 

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Ce jour béni est celui où le Christ Jésus lui-même nous fait asseoir à sa table. C’est «le repas du Seigneur», selon les mots de l’Apôtre (1 Co 11,20).
«Allez nous préparer la Pâque»
«Allez nous préparer la Pâque, que nous la mangions», demande Jésus à ses disciples. Car il s’agit là d’une fête qu’il faut préparer. Une grande fête. «C’est la Pâque du Seigneur !», proclame le livre de l’Exode. C’est la Pâque du Seigneur : fête du départ. Un peuple esclave quitte la servitude et prend la route de la liberté. Le Jeudi Saint nous réinsère dans l’histoire sainte qui est notre histoire. C’est bien le repas pascal de nos frères aînés dans la foi qui habite le mystère de ce jour de fête.
«J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous»
Cette bouleversante confession de Jésus que nous rapporte saint Luc, n’est pas enfermée dans le passé. C’est aujourd’hui que Jésus désire ardemment manger cette Pâque avec nous. Le passage de la servitude à la liberté est désormais celui de toute l’humanité, et ce passage, c’est Jésus lui-même dans sa mort en laquelle, le lendemain, il sera glorifié. Et là se trouve aussi le motif du désir ardent de Jésus. Le Jeudi Saint prépare au Vendredi Saint. Le banquet pascal révèle le sens de ce que le lendemain les disciples fuiront.

Mais il y a plus : le désir de Jésus est plus que de donner le sens : c’est de se donner lui-même. Au soir du jeudi, Jésus se donne déjà, totalement et librement.Tout est déjà donné : «Ceci est mon corps qui est pour vous. Prenez et mangez...» «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout», rapporte le quatrième Évangile.Ce «jusqu’au bout» est déjà donné et il s’accomplira dans la mort et la résurrection de Jésus.Vivre la liturgie du Jeudi Saint, c’est s’ouvrir à ce don pour passer avec Jésus ; mourir nous aussi, pour ressusciter nous aussi.
Il commença à laver les pieds de ses disciples

«Sachant que le Père lui avait tout remis entre les mains, qu’il était venu de Dieu et qu’il s’en allait vers Dieu...», Jésus s’étant dépouillé de son vêtement se mit à genoux aux pieds de ses disciples. Le Jeudi Saint nous fait contempler Dieu à genoux qui nous lave les pieds. Le Seigneur «dans la forme d’esclave» qui exécute un geste qui ne convenait même pas à un esclave juif. On ne pouvait l’exiger que d’un esclave païen.Tel est le geste que choisit d’accomplir Jésus à l’heure de passer de ce monde à son Père.Un geste qui exprime, qui manifeste sa Seigneurie.Car Jésus «rend ce service, non pas bien qu’il soit le Seigneur, mais parce qu’il est le Seigneur» (F.-X. Durrwell).

Mais le geste de Jésus est plus qu’un geste d’humilité : c’est un geste d’hospitalité, non pas dans une maison de pierre, mais dans son propre corps. Jésus nous accueille dans son corps : «Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi» (Jn 13,8). Jésus nous assume en lui et, ce faisant, nous purifie. Qu’il est significatif de faire en sorte, dans la liturgie du Jeudi Saint, que tous les fidèles soient comme impliqués dans ce geste du serviteur. Car c’est aux pieds de chacun que Jésus s’agenouille. C’est chacun que Jésus accueille. Aussi aimons-nous, dans la liturgie de nos Fraternités de Jérusalem, laver les mains de tous les fidèles présents qui s’entendent dire personnellement : «Que Dieu te lave du mal et te donne sa paix». Le lavement prévu par le rituel du repas pascal, avant la bénédiction de la deuxième coupe, dite coupe de la Haggadah, trouve désormais son sens plénier : le Christ Jésus nous lave de tout péché en se livrant lui-même à l’humiliation abyssale de sa Passion et il dit à ceux qui s’ouvrent à son amour : «Vous aussi, vous êtes purs» (Jn 13,10).
«Prenez, ceci est mon corps»
Au lavement des mains et à la coupe de la Haggadah, succédait, dans le rituel juif, le repas pascal proprement dit, avec la bénédiction sur le pain azyme dite par le père de famille et, après la consommation de l’agneau, la troisième coupe appelée «coupe de bénédiction». Au jour du Jeudi Saint, Jésus donne aux bénédictions du pain et de cette coupe un sens d’une nouveauté inouïe : «Ceci est mon corps qui est pour vous».
«Ceci est mon sang»
«Quand nous mangeons sa chair immolée pour nous, nous sommes fortifiés ; quand nous buvons le sang qu’il a versé pour nous, nous sommes purifiés» : la préface du Jeudi Saint nous donne ainsi comme l’essence du mystère eucharistique révélé en ce jour. De la coupe de bénédiction qui introduit à la louange dans le repas du Seder, Jésus fait le signe du don de son sang. Son sang sera versé — c’est l’annonce explicite de sa mort non-violente — et ce sang est pour les hommes, ce sang qui symbolise la vie irriguera de la vie même de Jésus ceux qui le boiront. Aussi ce sang est le vin, le vin nouveau, vin de fête que Jésus vient faire jaillir comme il le manifeste déjà au premier signe de Cana.

Le Jeudi Saint nous fait aussi célébrer une nouvelle alliance, car ce sang, nous dit Jésus, est «sang de l’alliance», comme le fut le sang dont Moïse aspergea le peuple pour sceller, par le signe de la vie, l’alliance que Dieu avait offerte à son peuple. Célébrer «la Cène du Seigneur» est plus que s’asseoir à sa table, c’est être appelé dans l’alliance nouvelle, dans une alliance éternelle. Son sang versé manifeste un amour indéfectible.
«Faites ceci en mémoire de moi»

Quand s’approche la mort, vient l’heure du testament. Celui de Jésus est bref : «Faites ceci en mémoire de moi». Le testament de Jésus, ce qu’il demande à ses disciples, c’est de célébrer l’Eucharistie, de partager le pain et la coupe eucharistique «en mémoire de lui».Le Jeudi Saint est dans l’année liturgique le jour où l’Église non seulement célèbre l’Eucharistie, mais en célèbre l’institution.

En ce commandement, transparaît aussi l’unique commandement de Jésus, celui de l’amour, que Jésus confiera à ses disciples ce même soir. «Faites ceci en mémoire de moi» est en effet une invitation que Jésus adresse à ses disciples à se livrer dans l’amour, comme lui se livre, et avec lui. Le Jeudi Saint apparaît ainsi comme un jour où résonne l’appel au plus grand amour.

Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du Cédron

Aussi, au soir du Jeudi Saint, Jésus nous invite, comme jadis ses disciples, à l’accompagner, à descendre avec lui, à amorcer avec lui cette grande descente, cette kénose où il ira jusqu’au sentiment d’être abandonné du Père, tout en gardant son infinie confiance filiale. Jésus, au terme de la Cène, nous invite à traverser le Cédron avec lui et c’est le sens de la procession qui suit la liturgie. Le repas pascal est un repas de départ, de mise en route. «Levez-vous, partons d’ici !», dit Jésus à ses disciples. Le banquet eschatologique n’est pas celui-là, c’est l’heure du départ ! C’est l’heure du combat de l’agonie où Jésus affronte non seulement la désertion des siens et le feu de l’humiliation, mais encore sa propre faiblesse humaine et, plus encore, la puissance des ténèbres : «C’est votre heure et le pouvoir des ténèbres», dit-il aux gardes du Temple et aux anciens (Lc 22,53). Aussi la liturgie nous fait-elle dépouiller le sanctuaire pour signifier le drame qui se joue dans le cœur de Jésus et où se joue le sort de toute l’humanité.

La célébration du Jeudi Saint se poursuit dans le silence de la nuit où résonnent les dernières paroles de Jésus confiées à ses disciples, jusqu’à l’ultime appel : «Demeurez ici et veillez avec moi». Et l’Église veille en prière autour du reposoir où demeure le corps eucharistique du Seigneur.



Bonjour a chacun de vous merci de visiter mon blogue. Les textes, et images ont été pris sur le web. Ceux qui y verront des images qui leur appartiennent bien vouloir m’en avertir je les enlèverai. Merci à tous.

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